les poètes véritables, on ne les reconnaît pas, ils savent tout des choses avant que les choses soient dites
ils ont des intuitions lancinantes qui parcourent et lèchent leur corps, de l’intérieur
leur corps est un moment manifesté d’une longue phrase invisible
c’est pourquoi les poèmes véritables n’ont ni début ni fin, ce sont des apparitions
les poèmes des poètes véritables sont les préVisions des fourmis que sont les chercheurs véritables
les chercheurs-fourmis inventent des mathématiques et des vocabulaires pour dire et expliquer
sans quoi les poètes véritables et leurs poèmes d’intuitive beauté passent pour fous et autres noms d’oiseaux
les poètes véritables et les fourmis chercheuses n’ont rien contre les noms d’oiseaux – ce sont eux qui les inventent
ils s’éloignent par prudence de ceux qui les profèrent et poursuivent leur marche
à l’amble et en amicale compagnie
les poètes véritables, on peut, par erreur, croire qu’ils sont un peu trop fiers et dédaigneux
ne s’étonnant de rien outre mesure sous des airs silencieux
ce serait grossière parole et triste aigreur que de répandre ces images
ce serait leur jeter des grains et des noyaux sur les cheveux, tirer à hue et à dia sur leurs ceintures, glisser des cailloux dans leurs souliers
car s’ils ne montrent aucune stupeur devant les choses c’est qu’ils en sont en même temps les découvreurs et la progéniture
paroles de fous émerveillés illuminés et sages, leurs poèmes sont les énigmes que les autres ahanent et dévoilent en majesté
mais les poètes véritables vivent et se meuvent au coeur des choses qu’il reste à dire et déchiffrer
ils sont nés de ces choses infinies si précises et précieuses
c’est pourquoi ils s’inclinent devant les rois-fourmis qui les révèlent et les révèrent
ainsi vont-ils, ensemble, par les chemins sinueux. Vous pouvez les croiser.
Soyez bons et emplis de gratitude envers eux
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