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lundi 8 janvier 2024

poètes et noms d'oiseaux : dernier poème de l'an 2023

 

les poètes véritables, on ne les reconnaît pas, ils savent tout des choses avant que les choses soient dites

ils ont des intuitions lancinantes qui parcourent et lèchent leur corps, de l’intérieur

leur corps est un moment manifesté d’une longue phrase invisible

c’est pourquoi les poèmes véritables n’ont ni début ni fin, ce sont des apparitions


les poèmes des poètes véritables sont les préVisions des fourmis que sont les chercheurs véritables

les chercheurs-fourmis inventent des mathématiques et des vocabulaires pour dire et expliquer

sans quoi les poètes véritables et leurs poèmes d’intuitive beauté passent pour fous et autres noms d’oiseaux


les poètes véritables et les fourmis chercheuses n’ont rien contre les noms d’oiseaux – ce sont eux qui les inventent

ils s’éloignent par prudence de ceux qui les profèrent et poursuivent leur marche

à l’amble et en amicale compagnie


les poètes véritables, on peut, par erreur, croire qu’ils sont un peu trop fiers et dédaigneux

ne s’étonnant de rien outre mesure sous des airs silencieux

ce serait grossière parole et triste aigreur que de répandre ces images

ce serait leur jeter des grains et des noyaux sur les cheveux, tirer à hue et à dia sur leurs ceintures, glisser des cailloux dans leurs souliers

car s’ils ne montrent aucune stupeur devant les choses c’est qu’ils en sont en même temps les découvreurs et la progéniture


paroles de fous émerveillés illuminés et sages, leurs poèmes sont les énigmes que les autres ahanent et dévoilent en majesté

mais les poètes véritables vivent et se meuvent au coeur des choses qu’il reste à dire et déchiffrer

ils sont nés de ces choses infinies si précises et précieuses

c’est pourquoi ils s’inclinent devant les rois-fourmis qui les révèlent et les révèrent


ainsi vont-ils, ensemble, par les chemins sinueux. Vous pouvez les croiser.

Soyez bons et emplis de gratitude envers eux

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