La lune est la lune
ni tarot ni rune
ni lune rousse ou pleine
ni double ni face cachée ni œillet chamanique ni rêve prémonitoire
ni rayon vert
ni mage ni ange
ne murmurent à mon oreille à l’intérieur de mes lobes
pariétal ou frontal
ni ne m’éblouissent
ni ne surgissent
leur glaive de justice et leurs ailes de géants devant me terrasser de crainte et de bonheur d’être - par ces armures bienveillantes lumineuses et duveteuses comme des oiseaux marins de songe - Élue
ni
rien
personne
la lune est la lune
et l’œillet d’inde touffu
le nuage passe
et la rivière au nom identique n’est pas la même
champignons et arbres silencieusement s’entraident
les chats attaquent les oiseaux
les hommes violent hommes femmes enfants
l’art prend des gants
la bonté grésille à l’arrière de nos dents
l’ortie pique et brûle
les yeux pleurent et brûlent
le cœur se dédouble morceaux de sucre et suie
la haine s’agace dans les replis des genoux et des cuisses
sous les ongles
le vent bourrasque d’insolence vis-vis de nous hommes femmes enfants
les pillards creusent dans les montagnes et les afriques d’empire, notre tombe
le nuage passe et l’art prend des gants
© anne jullien
22 octobre 2021
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