il faudrait se mesurer à la Terre
aux bals des planètes aux poussières-mères
scruter les souvenirs en nous de l’espace qui scintille
l’espace qui vrombit des tempêtes solaires
il faudrait nous oublier, un peu
une fois par jour nous oublier
considérer les aurores boréales
les champignons au pied des arbres
les loups morts retrouvés sous le permafrost
ce que chantent les fauvettes
considérer les morts des guerres et des fléaux la lèpre et la Peur
ouvrir les yeux la nuit pour sonder le temps
guetter les comètes
se mesurer à l’incommensurable aux anneaux de Saturne
aux eucaryotes fougères, à nos ancêtres cellulaires
à la beauté verte de l’olivine sœur magmatique de la fée
s’oublier s’oublier
une fois par jour enfoncer ses talons au plus profond de la Terre
relever la tête vers le plus ancien des cieux
que les cœurs explosent aux songes du vivant
que les cœurs se souviennent qu’ils sont en naissant déjà morts
ainsi la mort en nous
oublier la Peur
une fois par jour, nous oublier
un peu
27 décembre 2020
© anne jullien
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