ce que je préfère
c’est vivre
baguenauder au long des zigzag
éblouir nos riens du plumage rouge
ourler mes yeux à la vague
ne plus écrire de livres
ne plus tremper mes doigts
ne plus le monde affronter
ce que je préfère
je le bouge
mon corps en toi
les danseuses de chambre
la lumière glissando
jardiner mes ignorances
me souvenir des voyages
ne plus vouloir les voyages
ce que je préfère
c’est l’impromptu
le recul, les bastingages
les morts doux aux yeux bleus
la méditation du cadavre
compter mes os
refuser les cilices
ce que je préfère
c’est devenir
exactement là où je suis
exactement avec ceux qui exactement là
ne plus voir aux lointains
toucher les mains à proximité
de main en main approcher les lointains
ce que je préfère
c’est le bonheur
scandale et insolence
quand le mal fondra sur moi
à mon tour
je me souviens des fourrures
de l’odeur chaude des chats
je me souviens d’avoir pour nos sauvegardes
fermé les yeux, préféré les sauvages
aux mots aux ordres préféré les simples
quand le mal fondra sur moi
je me souviens ne rien attendre de qui n’a de moi rien reçu
singe guenon parmi mes frères et sœurs idem
ce que je préfère
c’est de plein fouet prendre la vie
jusqu’à son impuissance
15 novembre 2020
© anne jullien
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