Leçon de ténèbres

dieux anges et démons

âmes des chemins cachés

on vous invente

comme corde

quand l’ennui les désamours yeux déssillés le regard clarifié comme le beurre ghee

on voit nos existences toutes constructions subtiles mises en place

et grâce au ghee on voit les graisses disparaître et nous ne sommes plus que des os

bientôt sous terre

alors

on invente pour croire encore un peu un peu encore à la nourriture la saveur

alors on invente des voix qui nous parleraient des guides et que les morts ne sont pas tout à fait morts et qu’ils savent de nous des secrets merveilleux qu’ils ne savaient pas de leur vivant et qu’ils savent désormais comme le beurre clarifié par la mort qu’ils sont devenus alors ils nous délivrent des messages que de leur vivant ils ne se délivraient pas à eux mêmes

ainsi on a de quoi marcher encore dans les nuits les plus pénibles réellement obscures en sondant les ténèbres pour entendre les voix qui nous délivrent des messages mais à force de nuits obscures et de chemins chaotiques de cailloux de branches à terre on se casse la gueule dans la boue les oreilles bouchées et on n’entend pas les messages à force de les chercher

il n’y a tout simplement pas de messages ni de messagers

il n’y a que nous, seuls, amalgames de choses psychologiques de poèmes-flèches et de cils trop longs

nous, seuls, que l’autre et soi ne voulons pas entendre alors anges voix morts messagers, c’est plus exotique de les croire plus facile que nos semblables parce que nos semblables quand même ce n’est pas eux qui vont nous apprendre la vie pas à nous qui en savons long alors plutôt écouter des voix autorisées

il n’y a que nous avatars d’avatars à croire à nos histoires

et si elle dérapent, si dedans il y a des accrocs gestes manquants paroles manquées sexes éperdus, les histoires comme nous dans les chemins de nuit, les histoires trébuchent ne tiennent plus debout et yeux déssillés oreilles débouchées de cérumen et de poussières d’anges volatils, on est seuls, bêtes, sans amours car sans plus aucune faculté d’y croire alors on est froid sec cristal beurre clarifié

.perdus. réels. humains.

c’est à ce moment que le courage est nécessaire pour avancer avoir envie d’avancer c’est à ce moment là qu’il n’y a plus d’échappatoire et que toutes nos vies se cuisinent au ghee. c’est à ce moment là que l’on cesse de parler d’amour et que l’on invente d’autres mots moins fringants moins emballés des mots crus

.perdus. réels. humains.

2/12/2018