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dimanche 22 mars 2020

le roi est nu

l’image est accroupie

les gestes des gens figés
un moment c’est figure de sagesse

on retient ses pensées tels des chiens sauvages
on se retrouve soi plein et délié
écriture oubliée encombrée de ratures encres de buvard

le ciel fait silence on marche tête aux aguets libres et clandestins
les bêtes se laissent approcher
juste avant l’envol et la fuite

un moment c’est posture d’apaisement
la mer orpheline de ses navires et la rue de ses passagers
villes creuses et chemins tus
le silence et la mer, géants miroirs

les gestes des gens figés
réapprennent les signes lents et nécessaires
on éteint d’anciennes lumières, de familiers artifices
on prend la distance avec soin
on regarde les rois nus

on invente des richesses
que l’on bricole
les amours et les tendresses à l’épreuve

nos pensées carnassières tirent sur la laisse
nos corps halètent vers la danse la course le saut le cri
tant de douceur nous écœure
tant de leçons nous mièvrent et agitent nos sangs

nous hurlons à la lune en silence car même nos voix se confinent
nous hurlons sous les palimpsestes de patience et de raison
que les avions appartiennent au monde les bateaux les machines à bois
que les barbecues les sports les fêtes furieuses appartiennent au monde
que la solitude n’appartient pas aux champs aux arbres aux plages
que nos pieds sont faits pour le sable et le macadam
et que les enfants ne sont pas des images
tout en nous tire sauvagement sur la laisse obéissante
car n’est pas sagesse une prison qui dure des gestes interdits
nos corps qui miaulent
les livres et les puzzles et les films et les souvenirs et les postures ont une fin
car nous, humains de moteurs et de chants nous avons faim


les gestes des gens figés
un moment c’est figure de sagesse

on retient ses pensées tels des chiens sauvages

ce moment de figure de sagesse
comme un pieu dans notre cœur
ne l’arrachons pas
léchons nos sangs
déambulons , l’arme fichée en nous
que l’on n’oublie pas que vivre c’est vivants, dehors
et que nous, imbéciles frères humains, mortels et gueux,
appartenons au ciel à la terre aux villes comme les renards et les oies sauvages
nous appartenons à tout ce qui vit, bruit, hoquète
nous sommes de nature
et pas d’espèce figée

le corps en suspens
ne dure qu’un temps
pendu des cartes du tarot

qui sont au nombre de 22
cercle, ensemble, couronne...



22 mars 2020

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