l’image
est accroupie
les
gestes des gens figés
un
moment c’est figure de sagesse
on
retient ses pensées tels des chiens sauvages
on
se retrouve soi plein et délié
écriture
oubliée encombrée de ratures encres de buvard
le
ciel fait silence on marche tête aux aguets libres et clandestins
les
bêtes se laissent approcher
juste
avant l’envol et la fuite
un
moment c’est posture d’apaisement
la
mer orpheline de ses navires et la rue de ses passagers
villes
creuses et chemins tus
le
silence et la mer, géants miroirs
les
gestes des gens figés
réapprennent
les signes lents et nécessaires
on
éteint d’anciennes lumières, de familiers artifices
on
prend la distance avec soin
on
regarde les rois nus
on
invente des richesses
que
l’on bricole
les
amours et les tendresses à l’épreuve
nos
pensées carnassières tirent sur la laisse
nos
corps halètent vers la danse la course le saut le cri
tant
de douceur nous écœure
tant
de leçons nous mièvrent et agitent nos sangs
nous
hurlons à la lune en silence car même nos voix se confinent
nous
hurlons sous les palimpsestes de patience et de raison
que
les avions appartiennent au monde les bateaux les machines à bois
que
les barbecues les sports les fêtes furieuses appartiennent au monde
que
la solitude n’appartient pas aux champs aux arbres aux plages
que
nos pieds sont faits pour le sable et le macadam
et
que les enfants ne sont pas des images
tout
en nous tire sauvagement sur la laisse obéissante
car
n’est pas sagesse une prison qui dure des gestes interdits
nos
corps qui miaulent
les
livres et les puzzles et les films et les souvenirs et les postures
ont une fin
car
nous, humains de moteurs et de chants nous avons faim
les
gestes des gens figés
un
moment c’est figure de sagesse
on
retient ses pensées tels des chiens sauvages
ce
moment de figure de sagesse
comme
un pieu dans notre cœur
ne
l’arrachons pas
léchons
nos sangs
déambulons
, l’arme fichée en nous
que
l’on n’oublie pas que vivre c’est vivants, dehors
et
que nous, imbéciles frères humains, mortels et gueux,
appartenons
au ciel à la terre aux villes comme les renards et les oies sauvages
nous
appartenons à tout ce qui vit, bruit, hoquète
nous
sommes de nature
et
pas d’espèce figée
le
corps en suspens
ne
dure qu’un temps
pendu
des cartes du tarot
qui
sont au nombre de 22
cercle,
ensemble, couronne...
22
mars 2020
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