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jeudi 26 juillet 2018

la tristesse du mois de juillet


ôter cela qui couvre
les peaux et les voiles
jusqu’à l’os qui est l’âme
afin que la nuit de l’âme
et la nuit du corps
disent quelque chose comme une clarté
une triste et délivrante vérité

que
vivre est un voyage inutile et solitaire

la tristesse du mois de juillet
c’est la désolation du feu la
descente de l’âme
au fond des glaces au cœur
de la mine du sel et dans l’intimité
du gel

accroupie face à la mer
les pieds dans la cendre
j’attends sombre
alors délivrée de moi-même
du fourbi et des mantilles

et même si
il n’y a guère de vérité
il n’y a là plus de mensonges

car
vivre est un voyage inutile et solitaire

rien de décisif jamais n’a pris forme
chaque chute recommencée promet une révélation
bâtarde
à chaque aube identique

encombrée de ce dont nous sommes vêtus
mon regard fixe très loin des espaces informels sans reliefs ni paysages
parmi vous sans être avec vous je suis
un paysage moribond
ce qui fait l’humain sur moi n’a pas prise
hors les malentendus et les agacements de demi-jour

photosensible étrangère passagère
dérisoirement avide
de vivre

alors que
vivre est un voyage inutile et solitaire


peu d’entre nous ont le regard et le cœur pénétrant
derrière les paroles je cherche les silences et la source
mais nos vêtements sont lourds et chauds pour la saison
je vis de chagrins de peurs de peaux de danses intissées
je vis par coutume et de naissance
et jamais en moi ne s’est tue cette alarme, ce refus, ce gémissement bestial
inconsolé

car
vivre est un voyage inutile et solitaire

ma vérité
loge dans la mélancolie, le triste sourire

ce qu’Il appelle l’Amour
ce serait la Pitié pour nous pauvres pêcheurs
errants sans preuves ni raison
à l’éperdue recherche de ce qui ne se peut
sous mes doigts s’effrite cet Amour ailes poussiéreuses et cendrées
d’un papillon captif

mais c’est le seul amour que je sache
l’incompris égoïste inopérant
ce regard de miséricorde posé sur nous

même si
vivre est un voyage inutile et solitaire




26 juillet 2018

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