Rouleau
dit le Cinquième trouvé au lieu-dit Kérivoret, près du lavoir
Ce
rouleau propose des accents plus
prophétiques
et présente le Poétisme et son bras armé (le P(r)o(ph)ète) comme
une parole en action violente et définitive vis-à-vis de ceux et
celles qui n'en sont pas. Selon ces paroles nulle alternative et le
tragique de cette absence de choix éclate au moment de la Mort
puisque c'est à ce moment-là que tous les subterfuges seront
dévoilés, dénudés et que les impies découvriront leur Sort
éternel : les vers auxquels ils croyaient échapper... Les
exégètes ne se prononcent pas sur le mode humoristique de certains
axiomes. Même si, pour nombre d'incroyants ou de pseudo-poètes
l'humour est le siamois de la pensée poétique, il serait étonnant
que le Poétisme, en tant que Vérité Révélée s'amuse à ces
amusements verbaux.
Que
le Souffle Puissant de la Parole Chasse les Miasmes démocratiques et
assoie Son Pouvoir dans les corps et les âmes pour les siècles à
venir.
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Versets,
blasons, hymne
car
il y aura parmi les morts les poètes, les adeptes, les soumis et les
autres
tous
seront traités selon leurs mérites et leurs fautes
que
chacun lise et entende selon ses capacités
ceux
qui auront parlé ou lu ou honoré la langue poétique dompteront les
dauphins et chevaucheront les flots
transformés
en volutes, fumées blanches, arabesques
sublimés
en langage vaporeux, choses vagues et impératives
calligraphies
subliminales ils deviendront les constellations et les rivières du
ciel et de l'espace, les phrases du Livre que les terriens assoiffés
déchiffreront tête et cous renversés
tandis
que d'autres, les morts prosaïques tomberont à terre proie des vers
et des lombrics
c'est
le lot
le
destin de ceux-là et des autres
le
festin des vers et autres vers
car
mourir pour le poète est musical
celui
qui jamais n'aura été frappé par la hache poétique, renversé,
mis à bas de son cheval, agenouillé par force et révélation,
celui
qui voyant un arbre n'aura jamais vu qu'un arbre et à travers
l'arbre ni symbole ni ondes ni forces ni énergies ni magie,
celui
qui aura vivant seulement et simplement et banalement vécu,
préférant l'effroi pur et cru ou la peau les frissons et les
fruits, le sommeil et les travaux des jours , le métabolisme de
vivre à toutes les métaphores
celui-là
sera craché par la bouche du P(r)o(ph)ète
celui-là
on crèvera l'abcès abject de son immanence
terre
à terre il aura vécu à la terre il retournera
alors
que les poètes et les disciples, enfants de poètes, imitateurs de
poètes, sosies de poètes, bustes de poètes,
au
son tempétueux des dix mille trompettes s'élanceront en colonnes
alphabétiques et rimées vers les hauteurs oh les hauteurs
ceux-là
pour qui la Poésie est Vérité
suave
sublime subversive submergée apocalyptique et susurrée
unique
stylo aiguille alêne épissoir par où creuser être creusé enfin
Savoir Connaître ceux-là pour qui Poésie devenue unique Déesse a
perdu à jamais son article commun, nom propre inaugural clé
universelle et technologique de la Vie esthétique des hauteurs oh
des hauteurs !
Ceux-là
ah ceux-là oh oh ceux-là !!!
La
Poésie est alchimie
c'est
un pot ! C'est un bol ! C'est un wok !
Que
dis-je, un wok ? C'est une casserole !
un
chaudron un cratère où bout la matière de toutes les images et de
toutes les musiques
la
poésie est un brouet de feu de fèces de flammes et de fleurs
coupées
la
poésie frémit, entre en ébullition, déborde, sublime les épices
et les goûts, transmute les choses et les formes
pour
finir évaporée ! Brume d'eaux
nuages
de doigts et d'ongles alchimiques
et
retombe voile gazeux sur nos têtes et nos crânes
et
ceux qui auront à cette sublimation culinaire
préféré
les pique-nique en forêt l'automne marcher sur les feuilles
craquantes ou molles terreuses un peu pourrissantes ou ramer à deux
sur des barques d'infortune
ceux
qui auront préféré cela les pique-nique et la vie de la roue et de
la routine
ceux-là
sont crachés par le cratère des volcans de la poésie
et
que la lave du P(r)o(ph)ète les emporte et les avale au fond des
gorges de l'oubli
c'est
le lot
le
destin de ceux-là et des autres
le
festin des vers et autres vers
car
la Poésie la Poésie la Poésie
trois
fois
joyau
insoluble de la Pensée universelle
source
et delta
crâne
et plantes de pieds
celui
qui n'entend pas l'appel de la Poésie
il
a des oreilles de chair
Donné
au monde le 22 avril 2015
"Dieu m'tripote !" dirait Desproges, c'est à la fois magnifique et... terrifiant !
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