Le
rouleau dit le quatrième trouvé au lieu-dit Yok, à
quelques encablures de la côte sous un dolmen également. Ce rouleau
est capital pour saisir en quoi le Poétisme est relié au sacré. La
naissance de la Poésie y est présentée comme un point nodal de
l’Éternel prenant naturellement forme. On voit là très
précisément que l’Éternel ne peut pas faire autrement
qu'apparaître, prendre forme ce que certains n'hésiteront pas à
assimiler à une Chute. Chute du Langage dans le langage. C'est
pourquoi la Poésie , dans son désir impératif de rédimer la
Chute, n'aura de cesse de chercher sa source ; sa quête sera
donc de s'élever jusqu'au Silence originel en tout cas l'inarticulé
ou le borborygme. Car la quête de la Parole est la Non-Parole.
Que
le Souffle Puissant de la Parole-Non Parole Chasse les Miasmes
démocratiques et assoie Son Pouvoir dans les corps et les âmes pour
les siècles à venir.
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Versets,
blasons, hymne
le
P(r)o(ph)ète est né qui naquit à travers les contrées du temps à
nouveau Il naîtra
d'abord
en un point de l'Ouroboros fut contredit la chronologie puisqu'il n'y
a ni début ni fin ni d'abord ni d'ensuite et que la Poésie est
l'éternité recommencée
Elle
se nourrit d'elle-même enfle s'engendre se baise autophage avec
amour et indifférence suprême car la Poésie est au-delà de tout
donc au-delà des sentiments des vers de terre et des chansons
il
n'y eut jamais rien il y eut de toute éternité Quelque Chose et
Quelque Chose c'est Le Poème, la Parole qui parle et que celui qui
doute se morde les joues jusqu'au sang et qu'il soit avalé en sa
propre gorge et vomi et déféqué
et
oublié
du
Tout fut engendré le vocable en même temps que la fourrure et les
cris et autres marmottements et jubilations des animaux
du
Vocable fut engendré par naissance spontané les dix milles langues
des hommes à venir et le fer la limaille les menottes et le métal
des
dix mille Langues furent engendrées les images les sons les bruits
les accidents et la musique et le tout s'emmêla qui s'appela de
montagne en montagne l'écho et le chaos
Premier
Couple de l'histoire inopinée de l’Éternité, l’Écho et le
Chaos s'imbriquèrent avec la langue et par les mille orifices par
lesquels ils étaient de nature constitués et de leur alchimie
naquit la Terre
d'où
la Terre est fille de l’Écho et du Chaos, enfants des dix mille
Langues, filles du Vocable fils du Tout
et
le P(r)o(ph)ète jaillit de la Terre comme une fleur de lys ou un
pissenlit – nul ne le sut jamais car Il fut le premier le Seul
l’Inouï l'Inespéré. L’Inespéré il fut puisqu'étant le seul
et Premier il n'y avait personne pour l'espérer et c'est ainsi qu'Il
est grand.
Et
c'est pourquoi il est dit qu'il jaillit et c'est pourquoi le Poète
est mâle parce qu'Il est la Semence. Les femmes à venir se
cacheront le visage sous leurs jupes et elles recevront des paroles
et des graines et des noyaux et engendreront les fils et filles du
Poète ainsi tous seront les enfants de la Poésie, allaités par
leurs mères et verbalisés par leur Père Unique, Transcendental et
Légume-Racine.
Et
les enfants rebelles, les rétifs ou les ingrats, ils seront chassés
des jardins de la Terre, du Verbe du Père et on les enverra errer,
trébucher, hagards et balbutiant parce qu'on leur aura coupé la
glotte ou arraché les dents, fendu le palais ou les lèvres afin
qu'ils ne dénaturent pas la Parole Paternelle
On
les jettera au fond des mines à creuser les sols pour chercher le
sel le charbon et l'uranium tandis que leurs frères, les bien-aimés
du Père chanteront sur les genoux des disciples et leurs sœurs, les
bien-aimées du Père enfileront des perles et d'autres perles encore
il
n'est pas de place au Soleil de la Poésie pour ceux qui doutent de
Sa beauté, les ignares et les crasseux, car ceux-ci réclament à
corps et à cris de comprendre ou bien préfèrent cultiver leurs
lopins de terre plutôt que le Jardin d'Ors et de Plumes de leur
Père, Jardin-dictionnaire et la Poésie n'a que faire de ceux
qu'Elle indiffère et la Poésie mâche des mots alors que les gens
de peu, les apédeutes sont vis-à-vis de la Poésie et de ses bonnes
feuilles comme des yponomeutes qui mâchent de vraies feuilles et
sont donc doublement nuisibles insensibles qu'ils sont à la
puissance invisible et rebelle de la Poésie et pourvus de dents
réelles et ceci fut dit par un chapelet d'homéotéleutes internes
vigoureux et facétieux, la preuve que Seule la Poésie !
Ainsi
seront jetés aux orties les enfants tordus du Légume-Racine afin
qu'ils apprennent la supplication des vers de terre –
ainsi
parle le P(r)o(ph)ète car c'est ainsi qu'Il parle, le Fils aîné de
la Terre, celui qui a brisé le permafrost pour venir nous enseigner
et qui brisant le permafrost a libéré la mort et brisé l'avenir
ainsi
fit-Il pour rejoindre la Source, l'inaltéré le non-né, le vocable
muet la Poésie Absolue, l'Absolue Poésie, l'Absolution de tout et
de tous c'est-à-dire la mort de la vie et l'explosion finale et
initiale du Grand Alphabet dans une gerbe d'eaux et de gazs et
d'étincelles
car
la Poésie a jailli libérant le Virus en forme d'amphore et le
méthane d'où les hommes et les bêtes mourront grillés sous les
rayons solaires ou noyés sous le flot libéré des glaces et les
crues des rivières et la Mer redeviendra monstrueuse comme à
l'origine car la Mer est monstrueuse et la Mer bavera sur la Terre
la
Poésie a été libérée des ombres et des sous-sols pour dire et
apporter la Mort et la punition et la beauté des choses
car
la mort et la destruction sont belles et fascinantes et le Poète est
Grand quand il ne retient pas les chiens de sa parole et c'est ainsi
que la Terreur est apparue en même temps que le Poète
la
Poésie voit du tréfonds au tréfonds, elle sauve et perd, annonce
et délibère, chante et murmure
la
Poésie vous regarde et vous sonde
la
Poésie révèle et relève les choses et les cœurs, celui qui veut
La fuir, se perd entre ses mailles, meurt la bouche et les oreilles
fermées, il implosera en toute méconnaissance et ses héritiers le
traiteront de baudruche
et
c'est alors qu'il faut parler de l'après-mort et du paradis des
Poètes
et
en attendant les disciples allèrent se désaltérer
Donné
au monde le 1er mars 2015
Amen... la gnôle !
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